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Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/189

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PERSPECTIVES

qui s’embarrasse trop souvent de considérations extra-littéraires ; Julia Richer, pleine de bonne volonté, mais dont l’acharnement à trouver une morale dans tous les romans dévie parfois le jugement. Pierre Baillargeon a aussi fait de la critique ; mais son souci de perfection lui faisait rejeter d’emblée tout ce qui pouvait heurter son sens de l’esthétique et de la beauté ; son action s’est exercée trop tôt dans une littérature encore en ébauche qu’il aurait voulue déjà parfaite. D’autres noms s’esquissent, dont un Gilles Marcotte, chez qui on souhaiterait un peu plus de souplesse, et quelques jeunes qui s’exercent, principalement dans « La Presse » de Montréal, sous la direction de Jean Béraud, dont le grand mérite sera d’avoir formé une équipe en voie de prendre la relève. Mais — et c’est le plus grand obstacle au développement d’une critique effective et agissante — le malheur est que nous n’avons pas au Canada français de journal vraiment littéraire ou même de journal où la littérature ait vraiment la part qui devrait lui revenir.

Mais il faut s’empresser de dire que notre journalisme se prête mal à la critique littéraire sous sa forme intrinsèque et qu’il découragerait plutôt qu’il n’encouragerait à s’y livrer. Il y avait jadis, la tribune du vendredi soir à Radio-Canada