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ESQUISSE HISTORIQUE

Le Canada français n’eut ni son Villon, ni son Marot ou son Malherbe, encore moins son Ronsard ; mais il eut sa « pléiade » ; on a, en effet, parle d’une pléiade au sujet des poètes des environs de 1860 qui se groupaient à Québec dans la boutique de Crémazie et qui, tout en rimaillant, discutait philosophie et littérature. On y retrouve Sulte, Lemay, Crémazie, Chapman, Fréchette : ce furent, surtout les derniers, nos romantiques : des romantiques attardés alors qu’en France, le romantisme avait déjà vécu et le Parnasse, sur son déclin, faisait déjà prévoir le symbolisme.

Comment peindre cette première manifestation de la poésie canadienne sans la surestimer ni la sous-estimer ? La plupart de ces poètes furent des chantres de la patrie ; mais encore sous l’influence des luttes politiques, trop souvent leur muse s’égarait au point de leur souffler le ton grandiloquent de la réunion publique ; bon nombre ont peut-être trop cru que, pour s’imposer, le vers devait s’enfler au point de devenir ronflant ; il en est cependant resté quelques beaux morceaux qui ne dépareraient pas une anthologie de la poésie française.

Puis, ce fut le désert, en prose comme en poésie avec quelques rares oasis ici et là. C’est dans le journal, encore une fois, que se réfugie notre lit-