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ESQUISSE HISTORIQUE

Lamontagne, Jovette Bernier, Simone Routhier, la sensible et délicate Cécile Chabot, la plus sérieuse Rina Lasnier, Medjé Vézina, etc.

On peut dire, en somme, que la poésie a pris corps chez nous plus vite que le roman ; elle s’y est, cependant, installée sans discipline, sans école, sans cénacle ; ce qui vaut peut-être mieux ! Poésie patriotique, légèrement pleurnicharde, poésie sentimentale et lyrique, poésie romantique, dramatique, voire hermétique : il y a de tout cela dans notre poésie contemporaine où se dessine la nette influence des poètes de France, jusqu’à Mallarmé et Valéry que l’on retrouve tout particulièrement chez Pierre Baillargeon, écrivain intelligent et rationnel, qui publia de très belles pièces dans sa revue « Amérique française », dont il rêvait de faire une revue consacrée à la littérature pure. Nous avions eu, avant lui, Paul Morin, qui évoque Jean Moréas et un peu Anna de Noailles. Nous avons, maintenant, Anne Hébert, à qui « Songes en équilibre », dignes des plus beaux morceaux de Marie Noël, et les merveilleux poèmes en prose que sont ses derniers contes, réunis dans « Le Torrent », titre symbolique du génie ardent et impétueux de cette frêle jeune fille, assurent une place de premier plan dans la littérature canadienne ; et Saint-Denys Garneau qui, je ne sais trop pour-