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ESQUISSE HISTORIQUE

d’ailleurs, notre littérature française, plus exposée que jadis aux vents des influences étrangères, paraît décidée à abandonner ses allures de collégien endimanché ; c’est déjà un jeune homme du monde, à l’air encore quelque peu empesé, mais tendant de toutes ses forces à se libérer du carcan qui, trop longtemps, l’empêcha de se mouvoir librement.

C’est dans le journalisme que sont maintenant réfugiés la plupart de nos écrivains : le journalisme et la radio qui leur fournit leur principal gagnepain. Le journalisme a même produit toute une phalange d’écrivains dont l’activité s’est limitée là : Jules Fournier, Olivar Asselin, Louis Francœur, Henri Bourassa et Georges Pelletier ; on a sans doute recueilli quelques articles de Fournier et d’Asselin ; mais ces « morceaux choisis » ne donnent qu’une faible idée de leur œuvre magistrale. Tous furent des journalistes de combat, des journalistes-nés, dont toute la carrière s’est développée à l’intérieur des feuilles qu’ils dirigeaient ou auxquelles ils collaboraient. Ils n’ont que peu donné à l’extérieur et c’est dommage ! Celui qui entreprendrait de réunir les meilleurs articles de ces géants de notre presse rendrait un très grand service aux lettres françaises du Canada. Ils furent des écrivains dans le meilleur sens du terme.