que superficielle : par les personnages choisis, les livres de Thériault évoquent ceux de Ramuz et de Giono comme « Trente Arpents » de Ringuet peut évoquer les romans du terroir français. Les personnages de Thériault sont surtout des primitifs ; la violence de leurs sentiments ne pourrait s’expliquer autrement ; c’est ce qui nous autorise à dire que, pour admettre ces personnages, il nous faut presque faire un effort il faut les accepter d’emblée, tout de suite, sans discuter ; sinon, on peut se cabrer devant leur comportement et les sentiments qu’ils manifestent ; leurs problèmes, aussi, nous sont posés brutalement et aussi brutalement résolus. Il y a peut-être dans le monde des êtres comme ceux qu’il nous présente ; peut-être même y en a-t-il chez nous. Mais nous ne les connaissons pas, nous ne les rencontrons certainement pas tous les jours. C’est pourquoi il nous reste à les qualifier de primitifs ; on s’explique ainsi leurs réactions trop souvent animales, tout près de la nature. Ce qui à certains peut paraître artificiel n’est peut-être, au fond, que la manifestation spontanée d’une nature que la civilisation nous aurait habitués à refréner. C’est peut-être aussi cette atmosphère sensuelle et lourde à la fois dans laquelle ils baignent qui fait l’âpreté de ses romans, cette atmosphère prenante et irritante qui
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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN