Aller au contenu

Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN

La liste de ceux qui ont réellement dégage le roman du terroir des liens qui le retenaient au sol, se résume donc encore à quelques noms : mais ces romanciers ont réussi à en transformer définitivement la formule et nous n’avons plus à craindre un retour à la grande monotonie antérieure. De la description des mœurs et coutumes rurales, de l’œuvre purement descriptive, nos romanciers sont passés à l’analyse. On a fini par découvrir que l’homme de la terre pouvait avoir d’autres préoccupations que la survivance du peuple canadien-français. Tout en y pensant, tout en se solidarisant à ce problème de masse, tout en demeurant pénétré de son importance, de la nécessité de lutter pour une langue, des traditions dont il ne peut ni ne veut se laisser dépouiller et pour lesquelles, s’il le faut, il serait prêt à donner sa vie ; tout en demeurant lui-même, enfin, dans un peuple qui, lui aussi, entend le demeurer, le Canadien français n’a jamais cessé d’avoir des problèmes qui dépassaient le cadre de son village, de son pays, des problèmes humains. Et c’est ce que nos romanciers paraissent avoir enfin découvert en même temps qu’ils aperçoivent maintenant le problème des villes, les grands problèmes de l’homme contemporain, les problèmes de l’homme de toujours !