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Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/93

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ROMANS DE MOEURS ET ROMANS SOCIAUX

mot où existe un prolétariat qui pense que son sort ne doit pas être forcément et fatalement toujours le même et qui, même si c’est inconsciemment, veut l’améliorer. Le prolétaire, chez qui la dignité humaine est plus qu’une formule, aspire à s’évader de sa condition malgré toutes les entraves que les possédants mettent à son évasion. Les espoirs de Jean Lévesque, montrant à Florentine les hauteurs du Mont-Royal et lui disant qu’un jour, lui aussi, grimpera sur ces flancs, n’est pas seulement le rêve du petit gars de Saint-Henri, mais aussi celui du Faubourg-Québec, de Saint-Malo, celui de l’ouvrier de White-Chapel, du mécano parisien qui, sortant du métro Concorde et regardant les Champs Elysées, aspire à les remonter un jour autrement qu’en bicyclette.

C’est avec une extrême sensibilité et beaucoup de compréhension du complexe humain que Gabrielle Roy se penche sur nos spécimens d’humanité, si semblables à tous les autres : chez la petite Florentine Lacasse, trop frêle physiquement et moralement et que la vie a écrasée à son premier contact, tout est vrai, même la hâte avec laquelle elle se précipite sur le bonheur d’occasion que lui offre un brave garçon de son milieu, qui n’est pas celui qu’elle aime, mais qu’elle accepte néanmoins avec reconnaissance maintenant que le grand bon-