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dont le refrain était Nous avons fait ou Nous ferons du bouzingo (notez bien l’orthographe). Bref, on scandalisa tout un quartier de Lutèce, et on commit amplement le délit de tapage nocturne. Le guet intervint, déguisé en escouade de sergents de ville, et ne fut pas rossé. Bien pis : trois ou quatre Jeunes-France furent arrêtés, entre autres le pauvre Gérard. Ils en furent quittes pour un court moment à Sainte-Pélagie. Il y a de Gérard une charmante petite pièce sur sa captivité. Cependant le mot de bouzingo ayant fort retenti, les bourgeois s’en emparèrent, et avec leur bonne foi et leur bon goût habituels, se mirent à affirmer dans les feuilles de l’ordre et des saines doctrines, que les jeunes républicains venaient de prendre ce surnom Bouzingots (sic), qu’ils s’en faisaient gloire, qu’en cela ils avaient raison, qu’ils étaient ainsi bien nommés, qu’il fallait désormais ne plus les appeler autrement. De là, chez lesdites feuilles, un zèle inouï à répéter sur tous les tons, pendant six mois, les mots Bouzingotisme et Bouzingot. On en rit d’abord parmi nous. Théophile Gautier s’écria : Ces ânes de bourgeois, ils ne savent pas seulement comment s’écrit bouzingo ! Pour leur apprendre un peu d’orthographe, nous devrions