Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/10

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logiste souvent éloquent. Il nous initie aux procédés de discussion des judéophobes d’il y a dix-huit siècles, si semblables à ceux des antisémites d’aujourd’hui. Enfin, dans son zèle de prouver l’antiquité du peuple juif par le témoignage des auteurs païens eux-mêmes, il reproduit de longs extraits, infiniment curieux, des historiens grecs qui avaient encore eu à leur disposition les annales sacerdotales de l’Égypte, de la Chaldée et de Tyr. Josèphe a ainsi préservé de la destruction quelques pages de l’histoire de ces vieilles monarchies, engloutie dans le naufrage de la littérature alexandrine ; c’est un service qui lui mérite la reconnaissance durable des orientalistes, comme par ses autres ouvrages il s’est acquis celle des historiens de la Judée, de Rome et du christianisme.

L’auteur de ces quatre livres ne fut, malgré ses prétentions, ni un grand écrivain ni un grand caractère ; mais il reste un des spécimens les plus curieux de la civilisation judéo grecque, dont le type accompli est Philon ; il offre aussi un merveilleux exemple de la souplesse du génie israélite et de ses puissantes facultés d’assimilation. Son œuvre, qui ne parait pas avoir atteint auprès des païens son but apologétique, méritait de survivre. Négligée par les Juifs, qui ne s’intéressaient pas à l’histoire et voyaient dans l’auteur un demi renégat, c’est à l’Église chrétienne qu’elle doit d’être parvenue jusqu’à nous. Les Pères de l’Église citent fréquemment Josèphe et l’interpolent quelquefois ; les clercs du moyen âge le lisaient, sinon dans le texte original, du moins dans la traduction latine exécutée par ordre de Cassiodore