il exige[1] qu’ils laissent femmes et enfants comme gages de leur retour. Ainsi il ne fait qu’irriter Dieu davantage, en prétendant en imposer à sa sagesse, comme si c’était Moïse et non Dieu lui-même qui punissait les Égyptiens à cause des Hébreux. Dieu, envoyant toutes sortes d’animaux divers, qu’on n’avait jamais rencontrés auparavant, infesta leur pays, de sorte que les hommes périrent sous leurs dents et que la terre fut privée des soins des laboureurs, et tout ce qui échappait à leurs ravages était détruit par la maladie, encore que les hommes, eux, pussent la supporter.
4[2]. Mais comme cela même ne fit pas céder Pharaôthès à la volonté divine, et que, tout en permettant que les femmes s’en allassent avec leurs maris, il voulut que les enfants lui fussent abandonnés, Dieu ne fut pas en peine de l’éprouver et de le poursuivre par des punitions plus variées et plus terribles que celles qu’il avait subies jusque-là ; leurs corps furent frappés d’horribles ulcères, les organes internes se décomposaient et la plupart des Égyptiens périrent ainsi[3]. Mais comme celle plaie elle-même n’assagissait pas le roi, une grêle, inconnue jusque-là au climat égyptien et qui ne ressemblait pas aux pluies d’hiver qui tombent ailleurs, une grêle plus considérable encore que celles des régions tournées vers le septentrion et l’Ourse s’abattit, au cœur du printemps, et brisa tous les fruits. Ensuite[4] une légion de sauterelles acheva de dévorer ce qui avait été laissé intact par la grêle, de façon à ruiner à la lettre toutes les espérances que pouvaient avoir les Égyptiens sur la récolte de leur pays.
5. Il eût suffi de tous ces malheurs pour ramener à la raison et à l’intelligence de ses intérêts un insensé dénué de méchanceté, mais Pharaôthès, moins insensé que scélérat — car sachant le motif de tout cela, il ne s’en posait pas moins en rival de Dieu et trahissait de gaîté de cœur le bon parti — ordonne bien à Moïse d’em-