Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/175

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tère et à l’affabilité de son accueil, et il en avait acquis l’estime en voulant se montrer équitable envers tous. 208 Aussi non seulement le peuple et le sénat en faisaient grand cas, mais encore tous les peuples sujets, car les uns, qui l’avaient fréquenté, avaient été gagnés par l’agrément de son commerce et les autres avaient entendu les premiers leur en parler. 209 À sa mort ce fut un deuil général[1], non parce que le dévouement à l’empire faisait feindre d’avoir subi une calamité, mais parce que chacun ressentait une affliction vraie et regardait la mort de Germanicus comme un malheur personnel, tant son commerce était agréable. 210 Cela fut même un legs très utile à son fils auprès de tout le monde, et l’armée surtout était enthousiasmée, considérant comme une vertu de mourir, s’il le fallait, pour lui assurer le pouvoir.

211 9. Après avoir donne à Evodus l’ordre de lui amener les enfants le lendemain vers l’aube, Tibère pria les dieux de ses pères de lui montrer par quelque signe manifeste celui qui devait succéder à l’empire, car, s’il s’efforçait de laisser le pouvoir au fils de son fils, il se fiait plutôt au signe que la divinité ferait paraître touchant ses héritiers qu’à son opinion et à sa volonté personnelles. 212 Or, il se vit prédire que l’héritier de l’empire serait celui qui, le lendemain, arriverait le premier auprès de lui. Après réflexion, il envoya dire au précepteur de son petit-fils de lui amener l’enfant à la première heure, parce qu’il supposait que Dieu serait dupe du stratagème ; mais Dieu tourna en sens contraire la décision de Tibère. 213 Donc l’empereur, après avoir formé son projet, ordonna à Evodus, dès qu’il fit jour, d’introduire celui de ses enfants qui serait là le premier. L’autre, sortant, rencontra Caius devant le palais. Tibère n’était pas encore arrivé parce qu’il attendait son repas, et Evodus ignorait complètement le désir de son maître. « Ton père t’appelle, dit-il à Caius. » Et il le fit entrer. Quand Tibère aperçut Caius, il eut pour la première fois la notion de la puissance divine et comprit que la sienne lui était entièrement retirée, puisque Dieu ne lui avait pas donné la possibilité de sanctionner ses décisions. 215 Il se

  1. Voir Tacite, Annales II, 82-83 et III, 1-4.