Page:Observations d'un citoyen, sur la grande question qui doit etre agitee a l'Assemblee Nationale, touchant la demande faite par MM. les deputes des colonies, pour qu'il leur soit permis d'ouvrir leurs ports a tous batimens etrangers.djvu/8

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çois comme nous, ne prétendent-ils pas l’être, ne doivent-ils pas par conſéquent contribuer aux charges & à la proſpérité de l’Etat ? Eh ! bien, ils ne le font pas ; car il y a tels propriétaires d’habitations à Saint-Domingue, qui poſſèdent 300 000 livres de rente & plus dans ce pays là, & qui ne payent preſqu’aucune contribution. Leurs terres ne ſont pas du tout impoſées, il n’y a que leurs Nègres qu’on impoſe, à raiſon de 3 livres par tête ; un habitant en a-t-il quatre cents ? il en déclare trois cents ſeulement : cela fait 900 livres argent des Colonies, & ſe réduit à la médiocre ſomme de 600 livres tournois, tandis qu’en France le Poſſeſſeur d’un pareil revenu en terres payeroit de 30 à 40 000 liv. à l’Etat.

Meſſieurs les Américains objecteront-ils que leurs ſucres, cafés, indigos, cotons, cacao, &c. payent des droits ? Oui, c’eſt vrai, mais ce n’eſt pas eux, c’eſt le commerce qui les ſupporte. Oh ! mais (diront-ils) quand nous expédions nos revenus, vous faites le commerce & vous en courez la chance : quelle mauvaiſe manière de raiſonner !…

Le Gouvernement, ſage dans beaucoup de parties, avoit eſſentiellement favoriſé les Colonies, en les affranchiſſant de tous droits ſur les comeſtibles & les marchandiſes sèches : d’après