Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/71

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ploye pas ce beau talent que la nature luy a donné, à traduire la vie des Saints Peres ?

Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus Chrestiennes, de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette maniere de corriger les gens pouvoit avoir un jour l’approbation des Docteurs, et qu’il fust permis de juger de la bonté d’une ame par le nombre des Autheurs que la plume auroit descriez. Je responds de l’humeur dont je le connois, qu’on n’attendoit point après sa mort pour le canonizer. Ce n’estoit pourtant pas assez qu’il aymast la Satyre pour vomir contre Monsieur de Moliere, comme il a fait ; il luy falloit encore quelque vieille animosité ou quelque haine secrette pour tous les beaux esprits ; car quelle apparence y a-t-il qu’il paroisse à ses yeux un Diable vestu de chair humaine, parce qu’il a fait une Piece intitulée : Le Festin de Pierre ? Elle est, dit-il, tout à fait scandaleuse et diabolique ; on y void un Enfant mal elevé, qui replique à son Pere ; une Religieuse qui sort de son Couvent, et à la fin ce n’est qu’une raillerie que le Foudre qui tombe sur ce debauché.

C’est le bien prendre, en effet ; vous avez tort, Monsieur de Moliere ; il falloit que le Pere fust absolu, qu’il parlast tousjours sans que le Fils osast luy dire mot ; que la Religieuse, bien loin de paroistre sur un Theatre, fist dans son Couvent une penitence perpetueile de ses pechez, et cet Athée supposé n’en devoit point eschapper ; ses abominations, toutes feintes qu’elles estoient, meritoient bien pour leur mauvais exemple une punition effective. L’intrigue de