Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/181

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— Un sale notaire comme ça !

— C’est vrai… C’est vrai… Je m’en repens, va !

— Il est bien temps… Et tu recommenceras à la première occasion…

— Non. Non… je t’assure…

— Nous verrons bien…

Il disait à la cuisinière :

— Pourquoi gémis-tu ?… De quoi te plains-tu ?… Ton argent ?… Ah ! ton argent… Mais qu’est-ce que cela peut bien te faire ?… Puisque, dès demain, tu vas te remettre à économiser sur tes joies, imbécile… sur celles des tiens, égoïste… pour donner encore au premier notaire qui te le demandera cet argent, ce tout petit peu d’argent, rudement gagné, et dont il est dit que tu ne jouiras jamais, jamais… jamais !… Est-ce que j’économise, moi ?

— Toi, parbleu ! pleurait la cuisinière… tu n’as pas d’argent…

— Heureusement… ripostait Dingo.

— Toi, tu n’es qu’un chien…

— Tiens !… bien sûr… Je m’en applaudis tous les jours… depuis que je connais les hommes…

Il nous disait encore, à Marie et à moi, bien d’autres choses, que je n’ai pas entendues, que j’ai parfaitement comprises, et que je ne rapporterai pas de peur que vous ne me preniez pour un imposteur, un sot ou un poète…