Et avec une certaine importance :
— Le troisième, cette semaine… monsieur Lagniaud… C’est drôle tout de même… On le retrouvera, allez…
— Sacré Vincent !… dit le maire, en lui donnant de joyeuses bourrades… Bien sûr, on le retrouvera.
Et il l’emmène boire un coup chez Jaulin.
Quelquefois, on le retrouve dans un bouchon, on le ramasse dans un fossé, sur la route. Le plus souvent, on ne retrouve rien.
S’il a des colis trop encombrants à la gare, il attend quelquefois huit jours, dix jours avant de les rapporter à leurs destinataires, il attend que sa vieille patache retourne à vide à Cortoise. Ou bien, il finit par les confier, pour un petit verre, au meunier de Boissy-sur-Venette, à un charretier quelconque, qui souvent les égare à son tour. Il en manque en moyenne quatre sur dix…
— Eh bien, Vincent ?… Mon colis ?… demande Mme Tourteau, l’épicière.
— Ne vous inquiétez pas, Mme Tourteau… Vot’colis… il est à la gare…
— Bon… Bon… Sacré Vincent !
Le jour où il fut question de faire passer la nouvelle ligne d’Amiens par Ponteilles, la municipalité et toute la population protestèrent énergiquement…