Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/255

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après un examen solennel, minutieux des dessous de la paupière, du palais, des ergots, il s’était tourné vers moi :

— Exact… très exact… tout ce qu’il y a de plus exact… professa-t-il. Je n’aurais jamais cru qu’un dingo aussi brusquement arraché à son milieu s’humanisât de la sorte !… Il n’est pas méchant avec les autres bêtes ?…

Je voulus conserver à Dingo son auréole intacte.

— Du tout… du tout… affirmai-je… La douceur même…

— Très intéressant… vous savez ?…

— Vous ai-je dit que, grâce à lui… ou plutôt grâce à sa mère… nous avons retrouvé l’origine du tableau de chasse ?

— Mais non… Ah bah !

— Oui, mon cher, l’origine du tableau de chasse…

Je dus conter l’anecdote à Legrel qui s’en montra très frappé.

— Ah ! mais !… Ah ! mais !… fit-il.

Puis aspirant l’air avec ses lèvres disposées en sifflet, il répéta :

— Très intéressant… très… très intéressant !

Dingo étonna, ravit tout le monde par sa bonne éducation, l’élégance de sa tenue, sa discrétion, son tact. Correctement, il suivait les allées, même