Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Legrel se leva à son tour. Il frappa un grand coup de poing sur la table.

— C’est ça… C’est bien ça !… cria-t-il… Une gasterachante… Mais, sacristi !… On a donc ouvert la porte du laboratoire ?

— Mais non… affirma Mme Legrel, qui avait pâli et dont le visage était tout bouleversé. Mais non… Je t’assure. Je suis sortie la dernière, ce matin… J’ai fermé la porte…

Legrel grogna :

— Enfin les gasterachantes ne traversent pas les murs comme des fantômes…

— Je parie que c’est encore ce menuisier… s’écria Mme Legrel… Il aura laissé du jour sous la porte… Ah ! ces ouvriers !… Il faudrait tout faire soi-même… Mais ce n’est peut-être pas une gasterachante, mon ami… Irène… tu es sûre qu’elle a des cornes ?

— Sûre, petite mère… elle a deux cornes..

— Alors c’est bien une gasterachante, soupira la pauvre femme désespérée. D’ailleurs, je ne sais pas ce qu’elles ont dans le corps, les gasterachantes… Elles ont vraiment le diable dans le corps… Toujours sorties !

Brusquement, la voix de Legrel s’enfla comme un coup de vent. La salle en fut ébranlée ; les vitres tremblèrent. Et il me sembla que les arbres tressaillaient dans le jardin.