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IX


Les paysans veillèrent davantage sur leurs bestiaux. Quand ils allaient travailler aux champs, ils s’armaient de vieux fusils, comme jadis au temps des invasions de loups. Et ils essayèrent de traquer Dingo, avec acharnement.

Dingo n’était pas un fou. Il savait très bien ce qu’il faisait et se montrait prudent, jusque dans les pires audaces. Se voyant épié, il ne se laissa plus approcher, se tint dans la campagne à distance des coups de fourches, des coups de feu, qui ne l’atteignirent point et des coups de main, auxquels il sut échapper avec un sang-froid étonnant. Il cheminait invisible dans cette grande plaine découverte, contournait la lisière des blés, se perdait dans l’ombre des meules, dans les petits bouquets de bois qui abritent les fermes contre les vents du Nord-Ouest. Et là, l’œil au guet, les oreilles à l’écoute, il attendait que l’occasion se présentât de faire un bon coup. Il avait peu de