Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/319

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tu crois que j’aurais voulu te faire une sale blague ?… Maintenant, attention, ma petite ! Ça va commencer.

Ils se dissimulèrent, du mieux qu’ils purent, entre les rayures, les retombées, les enchevêtrements des lianes, et tous les deux, l’un près de l’autre, l’un contre l’autre, le ventre pareillement au sol, les pattes de devant repliées, le jarret prêt à la détente, ils ne bougèrent plus. Ils avaient mi-clos leurs paupières pour éteindre la flamme de leurs yeux, qui eût pu dénoncer leur présence aux rôdeurs.

Et Dingo admirait la précision, la souplesse des mouvements de Miche. En professeur vaniteux, il en attribuait le mérite à ses leçons.

Quelques oiseaux passèrent loin d’eux et disparurent. Deux pigeons ramiers tournoyèrent autour du sorbier, et disparurent ; un troglodyte farfouilla, comme une souris, entre les lianes traînantes et disparut. Et le bois se remplit du bruit léger des feuilles, du sourd bourdonnement des insectes invisibles. Cela donnait une vie plus impressionnante et comme une forme au silence.

— Attention !… dit Dingo.

Deux merles venaient de s’abattre au haut des branches sur le sorbier.

Simultanément, Miche et Dingo levèrent la