Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/334

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mune… oui… enfin… ils m’ont délégué. (Il prononçait : délayé.) « Tu lui diras, qu’y m’ont dit… tu lui diras que ça… que ça ne peut plus durer comme ça. »

Après un nouvel effort et de plus comiques grimaces, il ajouta :

— Et je vous l’dis !… Voilà…

Il me tourna le dos, se cogna contre un fauteuil, faillit tomber sur le parquet glissant et disparut.

Malgré la vertu comique de cette conférence, je n’eus pas envie de rire. Je m’étais absenté durant huit jours et je me doutais bien que, pendant cette absence, il avait dû se passer quelque chose de nouveau. Quoi ?… Je l’ignorais. À la maison, non plus, on ne savait rien. J’avais remarqué, il est vrai, que Dingo était plus vif, plus gai et cette bonne humeur, je l’attribuais à la joie de mon retour. J’interrogeai Piscot, qui me raconta, avec une véritable admiration, ce qui suit :

— Ce chien-là, Monsieur, est épatant !… commença-t-il, en se donnant des claques sur les cuisses. Il est retourné dans la plaine et il a détruit toutes les compagnies de perdreaux…

— Comment ?… protestai-je… C’est impossible… c’est fou !

— Impossible ?… Ah ! vrai !… vous ne connaissez donc pas vot’chien ?… Rien n’est impossible