Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XI


J’habitais alors le boulevard Delessert, à l’entrée des jardins du Trocadéro. Il y a un peu de tout dans les jardins du Trocadéro : des statues dorées, des bassins fleuris, des temples exotiques, toute une population de nourrices, de militaires et de petits rentiers dodus, qui ne donne aucunement l’idée des pays vierges. Mais il y a aussi de pauvres arbres, de vastes allées, des sentes abruptes qui semblent découpées dans du carton, tout un décor de théâtre, assez médiocre d’ailleurs, mais qui pouvait donner à Dingo l’illusion de la brousse et de l’espace. Je résolus de l’y laisser libre, d’autant que, de mon cabinet de travail, il m’était loisible de le surveiller un peu et de suivre ses évolutions.

La présence presque continuelle dans le jardin de cette bête effarante et magnifique y avait attiré naturellement de nombreux escarpes, voleurs de chiens. C’était une belle capture, mais difficile.