Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’agent, tout en maintenant l’homme, fit un geste pour caresser Dingo. Mais Dingo grogna et montra les dents. L’agent insista, avec l’assurance d’un agent qui défend les bons chiens contre les voleurs et qui conduit à la fourrière les mauvais chiens. Dingo grogna plus fort.

— Non, il vaut mieux le laisser, dis-je à l’agent. Il vous mordrait…

— Je comprends, fit-il en riant, il croit que tout le monde est des voleurs…

Lorsque l’homme fut pansé, nous allâmes au commissariat. Trois ou quatre personnes attendaient en présence du secrétaire et du brigadier. Mais nous étions des visiteurs de marque. On nous fit entrer immédiatement dans le bureau du commissaire.

L’agent voulut donner quelques explications. Mais le commissaire ne l’écouta pas. Il venait d’apercevoir Dingo. Et s’adressant à moi, il dit, portant à sa bouche le bout de son porte-plume :

— Oh ! le beau chien…

Le commissaire était gagné. Il admirait Dingo. À peine avait-il fait attention au voleur. Cependant il s’approcha de lui et, de deux doigts dégoûtés, il appuya sur le pansement, deux fois, comme s’il faisait les cornes.

— Oh, rien du tout… une piqûre… Il n’a pas ce qu’il mérite.