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XII


À Paris, Dingo redevint triste. Il ne sut plus que faire. Trop de gens, trop de maisons, de rues encombrées, plus assez d’espaces et de grands horizons. Il languissait, s’étiolait, ne montrait aucun empressement à sortir, dormait presque tous les jours, roulé en boule, sur des coussins. Les promenades à travers les foules lui étaient devenues un supplice. Quand je l’obligeais à m’accompagner, il ne me suivait plus qu’à regret, tête basse, l’œil maussade, d’un pas lent et dolent.

Le printemps venu, craignant qu’il ne tombât malade, je louai une maison rustique, dans un joli village, ou plutôt à l’écart d’un joli village, Veneux-Nadon, près de Fontainebleau. Le jardin donnait sur la forêt, dont il était en quelque sorte le prolongement. Nulle clôture, nulle barrière ne l’en séparait… La solitude y était charmante. De longs, longs silences, et tout d’un coup, les voix