Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/410

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Barque revint vers moi, un peu gêné, et me dit :

— Pas commode, le bougre… pas causeur…

Après le déjeuner, Pierre Barque me disait :

— Allons… aujourd’hui… ton portrait.

Je prétextais une excuse.

— Alors Dingo…

Mais Dingo n’était jamais là.

Pierre Barque se décidait quand même à aller travailler dans la forêt. Il choisissait un motif, après avoir longuement regardé dans sa main ployée en longue-vue. Mais le motif ne lui servait que d’inspiration. Il peignait non pas les rochers et les arbres, mais des marines, avec une mer grise ou bleue et des bateaux à voiles. D’autres jours, il peignait des lièvres, sur le fameux fond de serviette éponge, ou des homards, de magnifiques homards rouges sur une nappe ou sur un plat. Et il me disait :

— Tu crois que je ne suis pas mieux là qu’enfermé dans un atelier ?… Ah, ils ont raison les bonshommes du plein air…

Un jour, cependant, Dingo consentit à nous accompagner. Barque commença aussitôt son portrait. Il eut quelque peine à ne pas lui faire le poil d’un lièvre. Barque avait l’habitude du poil de lièvre. Ce fut d’abord sur la toile la tache