Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/123

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instinctivement porté à se boucher les oreilles, comme au passage d’une locomotive qui siffle.

Son installation est merveilleuse. Rien n’y est laissé au hasard… Tout y est combiné, prévu, réglementé, discipliné : nourriture, soins, hygiène, exercice physique, sélection, en vue de l’amélioration constante et du plus parfait bonheur de la race… Je n’ai jamais vu que, nulle part, on en ait fait autant pour les hommes.

— Je suis sévère…, confesse M. de S…, ça oui… mais je ne les embête pas… Il ne faut jamais embêter les bêtes… Il faut qu’elles s’amusent, au contraire… Quand elles ne s’amusent pas, elles dépérissent… Et alors, bonsoir les œufs !…

Ils ont deux espèces de poules, en Belgique ; la Coucou de Malines, et la Campine. Produit très bien fixé d’un croisement de la Brahma herminée avec la Campine, la Coucou de Malines est résistante, grosse, un peu lourde de formes, d’un joli gris caillouté, d’une chair abondante et délicate. Elle est essentiellement commerciale. On en expédie dans le monde entier. La Campine est la poule nationale. On raconte qu’il y a plus d’un siècle, la race en était à peu près perdue ; du moins elle s’était astucieusement dispersée parmi d’autres races. Peu à peu, on l’a reconstituée dans toute sa pureté originelle. Elle est petite, mais extrêmement élégante, vive et jolie. M. Paul Bourget dirait qu’elle a des allures aristocratiques. Svelte et un peu piaffeuse, telle du moins que je la connais, je crois qu’il serait plus juste de lui attribuer des airs de petite cocotte, de cocodette. Un mantelet blanc, délicieusement blanc, accompagne sa robe blanche et noire, très collante au corps, et qui dessine les formes avec une grâce un peu hardie… Une crête effilée, d’un rouge vif, la coiffe d’une façon exquisement insolente. Comme notre