Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/156

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se borne à simuler, en vue d’on ne sait quelle analogie, un modeste tuyau de poêle couché… Il y en a dont l’emphase, tout italienne, et nous l’avons vu, toute bruxelloise, est comique à développer l’envergure d’une cloche à gaz autour de chambres vides où ne détonne pas seulement la puissance de huit chevaux de fiacre. Il y a aussi des voitures qui, au repos, paraissent logiques, stables, depuis l’avant courbé à souhait, jusqu’à l’arrière arrondi en poupe de chaland, et qui, quand la machine les emporte, sursautent, tressautent, se désunissent et ferraillent lugubrement, de ce fait seul que leur maître, mal à propos ambitieux, n’a pas compris l’irréparable faute d’équilibre et de goût qu’est un porte-à-faux. C’est le même, entrepreneur enrichi, commissionnaire heureux, qui croit étaler un faste seigneurial, en installant au volant de son auto un mécanicien rasé, botté, sanglé, affublé dérisoirement d’un haut de forme, d’une livrée de cocher resplendissante et obscène…

Quant à la voiture électrique, elle n’est qu’un leurre, ne sachant pas encore où loger sa force…

Et je n’ai pas un lit où reposer ma tête…



Mais, enfin, il faut bien le dire, une forme s’établit, surtout en France, qui a ce qu’il convient pour nous satisfaire.

Si je suis sensible, par exemple, à la belle ligne, à la belle courbe, si pleine, si modelée, si parfaitement harmonieuse du capot de la Charron, c’est qu’il enferme toute la machine et lui applique son épiderme exact. Je