Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/224

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Bref, le boy avait choisi l’horlogerie… Et le vieux Chinois venait de l’installer dans cette boutique, où il était sûr de faire fortune… M. X… était stupéfait. Il ne trouva à dire que ceci :

— Mais tu connais donc l’horlogerie ?

Et le boy répondit d’un air tranquille :

— Faut bien… Un vrai Chinois doit tout connaître.



Gorinchem.


La première joie que je devais connaître, en Hollande, cette fois-ci, ce fut d’apercevoir cette petite ville de Gorinchem que je n’oublierai plus, petite ville presque inconnue des touristes, et qui, de très loin, de l’autre côté de l’eau, — c’est le Rhin et la Meuse qui coulent là, confondus — me parut si pimpante et me ravit bien davantage dès que nous eûmes circulé, quelque temps, lentement, dans ses rues étroites, pleines de promeneurs… J’en étais enchanté, comme un enfant d’un joujou. Elle avait bien l’air d’un joujou luisant, tout neuf, — quoiqu’elle fût très vieille — et sa nouveauté, c’était sa propreté…

En Hollande, les vieilles choses, vieux monuments, vieilles maisons ne m’attristent jamais. On ne voit pas leurs fissures, leurs lézardes, et ces plaies qu’avivent sans cesse les entassements de poussière corrosive. Elles n’offrent point l’aspect délabré de ruines. À force de soins, elles conservent une belle vie de jeunesse et de santé. Un peu plus tassées que les neuves, un peu plus penchées, et voilà tout… Elles rappellent ces jolis vieillards, qui eurent la politesse de se garder de la déchéance, dont le visage paraît plus frais, plus riant, sous les cheveux