Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/282

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dernier acte d’une opérette féerique, ou encore à un ballet de jongleurs au bord de l’eau.



La 628-E8 dut manœuvrer avec précaution entre ces obstacles et ces jeux. Heureusement, nous étonnions la foule, au moins autant qu’elle nous amusait. Elle ne se livra à aucune démonstration. Même, tout à coup, à la suite d’une légère détonation du carburateur, sur les bateaux, sur les tas, dans les voitures, à bout de bras, et, je crois bien, en l’air, un millier de sphères colorées s’immobilisèrent…

Sur un coup de frein, la circonférence d’une roue se fit un instant tangente à celle d’un de ces ballons qui avait roulé jusqu’à nous… La seconde d’après, un bond du moteur détruisait ce concept géométrique, dont il ne resta plus sur le sol qu’un peu de pâte rouge, aplatie.

Et, de loin, en nous retournant, nous vîmes toutes les balles et, je crois bien, toutes les têtes aussi, reprendre, à la fois leur vol et leurs paraboles…

« Fromages, mirages… » dirait Jean Dolent.




La porte entrebâillée.


Depuis le début de notre voyage, — aveu pénible pour un Français, — il ne nous est arrivé aucune aventure dans un hôtel, j’entends, aucune aventure galante. Gérald B…, celui, de nous, qui a le plus voyagé, et qui, d’ailleurs, est Anglais, prétend que, dans les hôtels, il n’arrive jamais rien.

— Je vous assure, répète-t-il… rien… rien… jamais rien…