Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/408

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La vie de Balzac ? Un permanent foyer de création, un perpétuel, un universel désir, une lutte effroyable. La fièvre, l’exaltation, l’hyperesthésie constituaient l’état normal de son individu. Pensées, passions grondaient en lui comme des laves en bouillonnement, dans un volcan. Il menait de front quatre livres, des pièces de théâtre, des polémiques de journal, des affaires de toutes sortes, des amours de tout genre, des procès, des voyages, des bâtisses, des dettes, du bric-à-brac, des relations mondaines, une correspondance énorme, la maladie.

Après avoir récréé le monde, Balzac ne s’est pas reposé le septième jour.



Les femmes allemandes et M. Paul Bourget.


Ce même soir, von B… nous emmena souper chez un riche industriel de ses amis… Ce n’était point une réception priée. Il n’y avait là que des intimes, six ménages qui avaient l’habitude de se réunir tous les soirs. Les hommes, un peu lourds de manières, peut-être, mais fort intelligents et accueillants ; les femmes, pas très jolies, pas très élégantes, mais toutes charmantes, non point à la façon des femmes de Paris, mais charmantes, d’un charme plus sérieux, plus profond, et plus lent, qui ne vient point de leurs toilettes, ni de leur coquetterie, qui vient d’elles-mêmes, de leur naturel et de leur esprit.

La maison est fort joliment arrangée, un peu comme un intérieur anglais, où le luxe, le confort correspondent si bien aux besoins de la vie quotidienne… Les meubles, quelques-uns trop massifs, d’autres trop étriqués, ne