Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/420

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— J’aime beaucoup les Français… Vous autres Français… vous avez de grandes… grandes qualités… des qualités brillantes… énormes… vous êtes… vous êtes…

Il cherche à définir ce que nous sommes, nous autres Français… à citer des exemples caractéristiques de nos si brillantes qualités ; et, ne trouvant ni définition, ni exemples, il s’en tient, décidément, à sa première affirmation, si vague :

— Enfin… vous avez de grandes qualités, ah !… Mais, excusez-moi… vous n’êtes pas toujours faciles à vivre… Autoritaires en diable… tracassiers, agressifs, chercheurs de noises et de querelles… un peu pillards… hé !… hé !… et même cruels… – je parle, dans vos colonies, vos protectorats… partout, où vous avez un établissement, une influence quelconque… – est-ce vrai ?… Enfin, on vous déteste… on vous a en horreur !… Hein ?… Vous en convenez ?… C’est très triste…

Voyant que je ne réponds pas, il va, il va, le bon docteur.

— Alors, les indigènes ne pensent qu’à se soustraire à votre autorité… à ruiner, s’ils le peuvent, votre influence… Et s’ils trouvent une bonne occasion – on trouve toujours une bonne occasion – de vous embêter, de vous massacrer, de vous supprimer… Dame ! écoutez donc ?… Ne vous fâchez pas, monsieur… Nous causons, n’est-ce pas ?… Je fais de l’histoire… Je fais votre histoire… votre histoire coloniale… et même votre histoire nationale… Si elle a été souvent glorieuse – mais qu’est-ce que la gloire, mon Dieu ? – elle n’a pas été toujours bien généreuse… Toutes ces querelles… toutes ces guerres… tout ce sang… au long des siècles !… Enfin, n’importe… J’aime beaucoup les Français… Nous leur devons la grandeur allemande… On ne peut pas oublier