Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/119

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Blanche ; la première très respectueuse, la seconde très familière, toutes deux traitant, dans un langage convenu, d’affaires dont je ne pouvais définir la nature, mais qui, par le mystère dont on les entourait, me semblèrent plutôt bizarres et louches… Je m’y attardai plus qu’aux autres ; il me fut impossible d’y démêler quoi que ce soit ! En ce premier dépouillement, je dénichai, épars au milieu des paperasses, ou bien oubliés dans des enveloppes, quelques billets de banque et des quantités de timbres-poste, le tout pour une valeur de huit cents francs… Je pensai d’abord que cet argent avait été déposé là, par le marquis, afin d’éprouver mon honnêteté… Mais non… Il était évident, par tout ce que je venais de voir et d’apprendre, que cet homme si précis, si ordonné, si énergique, et, en même temps, si minutieux en certaines choses, incarnait en certaines autres la paresse et le désordre. L’idée de m’approprier cette somme ignorée de lui et, sans moi, perdue, ne fit que m’effleurer l’esprit… Elle passa comme passent ces étourdissements qui, parfois, le matin au saut du lit, me frappent le cerveau d’une chiquenaude légère…

Il était plus de midi quand le marquis rentra de sa promenade… Après avoir changé de costume il vint me trouver dans le cabinet. J’avais énormément travaillé ; une grande partie du vaste bureau se trouvait déjà débarrassée.