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Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/126

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le curé qui ne parut pas prendre les choses au tragique comme le docteur Lerond.

Celui-ci poursuivit :

— Ah ! Je ne sais pas ce que tout cela deviendra !… Vous ai-je écrit que notre maire, Désiré Lequesne, est au plus mal ?… Il ne passera certainement pas la semaine… C’est un grand malheur pour tout le monde…

— Dieu !… Ce brave Lequesne !… fit le marquis d’une voix neutre… sans s’émouvoir… La bouteille… la sacrée bouteille, hein !…

— La bouteille, peut-être, et surtout la fièvre typhoïde…

Le curé tâcha de mettre sur son visage rieur tout ce qu’il pouvait, à l’occasion, comporter de gravité soucieuse ; et il commenta :

— Le plus ennuyeux… voyez-vous… monsieur le marquis… c’est que cette canaille de Fortuné Lamour… le fabricant de bondes…

— Oui… Eh bien ?

— … crie partout qu’il va se porter à la place de Lequesne… Il fait déjà une propagande de tous les diables… Ce serait un sale coup… Adieu, Monteville !…

— Il a toutes les chances, aujourd’hui ! appuya le docteur.

Le marquis répliqua vivement :

— Il a toutes les chances si tu le laisses faire… si tu veux !… Eh bien, voilà une occasion pour toi de te montrer, enfin ! grand flem-