Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/173

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de lumière dans les bois, et la nature nue, étaient maintenant loin, très loin de ses préoccupations…

Je ne fis qu’entrevoir rapidement le vestibule, les marches d’onyx, les deux colonnes d’onyx de l’entrée, avec leurs chapiteaux dorés… Il me parut d’un grand luxe, un peu écrasant, un peu théâtral, pourvu d’un domestique trop nombreux… Tout y était illuminé, étincelant, chamarré comme pour une fête… Au fond de la voûte, dans une cour vitrée, quelques coupés stationnaient.

— Son Éminence est là !… dit un grand valet à culottes courtes, à aiguillettes noires, à face grasse et blanche, qui lui-même, par la majesté du port, l’onction du geste, la noblesse de la corpulence, ressemblait à un personnage considérable, à un personnage quasi-royal.

— C’est bien ! fit le marquis, à qui cela sembla tout à fait indifférent que son Éminence fût là.

Après plus de quinze jours de campagne, peut-être éprouvait-il le désir de revoir d’autres visages que celui de Son Éminence…

Il s’excusa de ne pouvoir me garder, m’indiqua un hôtel voisin où il donna l’ordre de me conduire, et, sans me tendre la main, sur un ton plus autoritaire, un ton qu’il n’avait pas encore pris avec moi, il me recommanda d’être le lendemain matin, à la première heure, chez lui…