Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/217

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En Promenade.



Le peintre X… et moi, nous gravissions la côte des Deux-Amants, cet admirable monticule qui garde, énorme sphinx accroupi, l’entrée de la vallée de l’Andelle et domine la vallée de la Seine.

À mesure que l’on s’élève, des paysages se déploient, sublimes et géographiques, et reculent jusqu’à l’infini les champs, les villages, les forêts, et dans tout cela, le fleuve, mince ruban bleuâtre, disparaît et reparaît en courbes charmantes, semées de points noirs, qui sont tantôt des îles, tantôt des trains de bateaux, les lourds toueurs, à peine visibles dans cet espace immense, et si lointains qu’ils semblent ne pas remuer. De cette hauteur, les détails se perdent, et ce n’est que par la différence des verdures que l’on distingue les carrés de forêts des carrés d’avoine. Puis, le ciel s’amplifie, s’approfondit à perte de rêve… De temps en temps, le peintre s’arrê-