Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/250

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C’est à peine si je pouvais parler, tant la révolte précipitait les unes contre les autres mes paroles :

— Mais souvenez-vous !… C’est vous, vous seule, qui avez voulu l’Angleterre… Vous disiez que l’Italie était trop banale, trop vulgaire, trop agence Cook ! Sais-je, moi, tout ce que vous avez dit ?…

Alors, Clotilde, d’une voix glacée et sans faire un geste, sans même me regarder :

— Mettons que ce soit moi… Mon Dieu ! une désillusion de plus ou de moins ! Je n’en suis plus à les compter.

— Clotilde, je vous assure… Souvenez-vous de ce que vous m’avez dit !… Voyons, un soir, chez vous… Vous aviez, tenez, votre robe mauve si charmante… Vous m’avez dit textuellement…

Elle me coupa la parole :

— Pourquoi discuter ?… C’est entendu !… C’est moi qui exigeais de venir dans un pays que je hais au-dessus de tous les autres… et dont le nom seul me met en rage… C’est moi !… N’en parlons plus.

Je ne voulais pas me rendre :

— Ça, par exemple ! Et je puis vous le prouver…

— Taisez-vous !… faisait Clotilde… Vous me fatiguez… Et vous êtes vraiment trop ridicule quand vous êtes en colère… Et voulez-vous me faire un grand plaisir ?