Page:Octave Mirbeau Un gentilhomme 1920.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je répondis avec une effusion sincère, car cette marque de confiance me causait une vraie émotion.

— Monsieur le marquis… vous pouvez absolument compter sur moi, et de toutes les manières…

Il se leva et, comme je me disposais à me rendre au travail immédiatement :

— Non, diable !… pas aujourd’hui… commanda-t-il gaiement… Aujourd’hui… congé… à demain, les affaires sérieuses !…

Il alla tapoter le baromètre, accroché au mur, au-dessus d’une console :

— Allons faire un tour…

Puis :

— Alors, Varnat, hein ?… Charles Varnat !… Et comme c’est curieux !…

Nous descendîmes… En traversant l’antichambre, je ne pus m’empêcher de regarder encore, avec étonnement sans doute, la femme de marbre à la torchère dorée… Ce diable d’homme remarquait tout sans en avoir l’air…

— Si vous voulez entrer dans les bonnes grâces de la marquise… me recommanda-t-il… ne vous avisez point de ne pas trouver très belle cette combinaison…

— Mais, c’est très joli… répondis-je…

— C’est très joli ! répéta le marquis sur un ton absolument neutre et qui m’amusa.

Nous passâmes la journée à visiter les écuries,