Page:Ode sur le temps; Ode sur Devoirs de la Société.pdf/14

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Et toi dans la nature égaré, solitaire,
Ton être à l’univers ne tient par aucuns nœu
Dans ton ame glacée & tristement austère
               Tu sens un vuide affreux.

Si du moins Pamitié réchauffoit de sa flâme
Ces stoïques langueurs d’un sage inanimé !
Mourras-tu sans goûter ce doux plaisir de l’ame 9
               Ce plaisir d’être aimé ?

Apprends que l’amitié veut des ames actives.
Dans sombre d’un désert l’amitié ne vit plus ;
Son repos est un crime ; & les vertus oisives
               Ne font pas des vertus.

L’homme se doit à l’homme, en tout rang, à tout âge.
Sur le riche orgueilleux l’indigent a des droits ;
Le foible fur le fort ; lïmprudent fur le sage j
               Les sujets fur les Rois.

Tu dors, & les mortels autour de toi gémissent !
La terre ensanglantée est en proie au malheur !
Tu dors, ôç nous pleurons ! & par-tout retentissent
Les cris de la douleur !