Page:Ode sur le temps; Ode sur Devoirs de la Société.pdf/4

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Sans doute ton berceau touche à l’éternité.
Quand rien n’étoit encore ; enſeveli dans l’ombre
De cet abîme ſombre,
Ton germe y repoſoit, mais ſans activité.

Du chaos tout-à-coup les portes s’ébranlèrent ;
Des ſoleils allumés les feux étincelèrent ;
Tu naquis : l’Éternel te preſcrivit ta loi.
Il dit au mouvement ; « Du Temps ſois la meſure. »
Il dit à la nature :
Le Temps ſera pour vous, l’éternité pour moi.

Dieu, telle eſt ton eſſence : oui, l’océan des âges
Roule au-deſſous de toi ſur tes frêles ouvrages,
Mais il n’approche pas de ton trône immortel.
Des millions de jours qui l’un l’autre s’effacent,
Des ſiècles qui s’entaſſent
Sont comme le néant aux yeux de l’Éternel !

Mais moi, ſur cet amas de fange et de pouſſière,
En vain contre le Temps je cherche une barrière ;
Son vol impétueux me preſſe et me pourſuit.
Je n’occupe qu’un point de la vaſte étendue ;