Page:Ode sur le temps; Ode sur Devoirs de la Société.pdf/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que ce ſignal terrible épouvante vos ſens.
A ce bruit, tout-à-coup, mon âme ſe réveille,
Elle prête l’oreille,
Et croit de la mort même entendre les accens.

Trop aveugles humains, quelle erreur vous enivre ?
Vous n’avez qu’un inſtant pour penſer & pour vivre,
Et cet inſtant qui fuit, eſt pour vous un fardeau !
Avare de ſes biens, prodigue de ſon être,
Dès qu’il peut ſe connoître,
L’homme appelle la mort & creuſe ſon tombeau.

L’un, courbé ſous cent ans, eſt mort dès ſa naiſſance ;
L’autre engage à prix d’or ſa vénale exiſtence ;
Celui-ci la tourmente à de pénibles jeux ;
Le riche ſe délivre, au prix de ſa fortune,
Du Temps qui l’importune ;
C’eſt en ne vivant pas que l’on croit vivre heureux.

Abjurés, ô mortels, cette erreur inſenſée.
L’homme vit par ſon ame, et l’ame eſt la penſée.
C’eſt elle qui pour vous doit meſurer le Temps.
Cultivez la ſageſſe : apprenés l’art ſuprême