Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/209

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savez la musique ; voudriez-vous en copier ? C'était tout ce que je savais faire : je le suivis, et il me fit travailler. — La Providence, lui dis-je, vous servit à point nommé ; mais que serait-il arrivé si vous n'eussiez pas rencontre cet abbé ? J'aurais, me dit-il, probablement fini par demander l'aumône quand l'appétit serait venu.

Il avait un frère aîné, qui partit à dix-sept ans pour aller faire fortune aux Indes. Jamais depuis il n'en a ouï parler. Il fut sollicité par un directeur de la compagnie des Indes d'aller à la Chine ; et il était fâché de n'avoir pas pris ce parti. C'est à-peu-près vers ce temps-là qu'il fut en Italie. Le noble aveu qu'il fait de sa position, de ses fautes et de ses malheurs, au commencement du troisième volume d'Émile, est si touchant, que je ne peux me refuser le plaisir de le transcrire.

II y a trente ans que dans une ville d'Italie, un jeune homme expatrié se voyait réduit à la dernière misère. Il était né calviniste; mais par les suites d'une étourderie, se trouvant fugitif, en pays étranger, sans ressource, il changea de religion pour avoir