Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/245

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ni élevé au-dessus, ni abaissé au- dessous de l'état où la fortune m'a fait naître : je suis fils d'un ouvrier, et ouvrier moi-même : je fais ce que j'ai fait dès l'âge de quatorze ans.

Ce qui précède est un précis presque littéral d'une conversation que j'eus, un soir, avec lui sur sa fortune.

Il venait des hommes de tout état le visiter, et je fus témoin plus d'une fois de la manière sèche dont il en éconduisait quelques-uns. Je lui disais : Sans le savoir, ne vous serais-je pas importun comme ces gens-là ? — Quelle différence d'eux à vous ! Ces messieurs viennent par curiosité, pour dire qu'ils m'ont vu, pour connaître les détails de mon petit ménage, et pour s'en moquer. Ils y viennent, lui dis-je, à cause de votre célébrité. Il répéta avec humeur : Célébrité ! Célébrité ! Ce mot le fâchait : l'homme célèbre avait rendu l'homme sensible trop malheureux. Pour moi je ne le quittais point sans avoir soif de le revoir. Un jour que je lui rapportais un livre de botanique, je rencontrai dans l'escalier sa femme qui descendait. Elle me donna la clef de la chambre, en me disant : Vous y