Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/254

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le sujet, et elle se contente de lui dire : « Tu me déshonores ». Il est rare que cette manière de reprendre ne soit pas efficace.

Ce témoignage est celui d'un homme d'esprit, d'un missionnaire, et qui plus est d'un jésuite, le P. Charlevoix. Seulement il a fait suivre ces réflexions de correctifs, qui paraissent l'ouvrage de la Société dont il était membre, plutôt que le témoignage d'un homme qui par-tout ailleurs regrette le bonheur de ces peuples simples et naturels, et qui avoue que plusieurs Français ont vécu comme eux, et s'en sont si bien trouvés qu'ils n'ont jamais pu gagner sur eux de revenir dans la colonie, quoiqu'ils pussent y être fort à leur aise. Il n'a même jamais été possible à un seul sauvage de se faire à notre manière de vivre. On en a pris au maillot ; on les a élevés avec beaucoup de soin ; on n'a rien omis pour leur ôter la connaissance de ce qui se passait chez leurs parents ; toutes ces précautions ont été inutiles, la force du sang l'a emporté sur l'éducation. Dès qu'ils se sont vus en liberté, ils ont mis leurs habits