Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/286

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est particulier, donne à sa poésie légère l'aimable facilité de la prose ; le second, par un talent encore plus rare, fait passer dans sa prose l'harmonie de la poésie la plus sublime.

Tous les deux, avec de si grands moyens, se sont proposé le même but, le bonheur du genre humain. Voltaire, tout occupé de ce qui peut nuire aux hommes, attaque sans cesse le despotisme, le fanatisme, la superstition, l'amour des conquêtes ; mais il ne s'occupe guère qu'à détruire. Rousseau s'occupe à la recherche de tout ce qui peut nous être utile, et s'efforce de bâtir.

Après avoir nettoyé dans deux discours académiques les obstacles qui s'opposent à ses vues , il présente aux femmes un plan de réforme ; aux pères, un plan d'éducation ; à la nation, un projet de cours d'honneur ; à l'Europe, un système de paix perpétuelle ; à toutes les sociétés, son Contrat social. Le vol de tous deux est celui du génie. Las des maux de leur siècle, ils s'élèvent aux principes éternels sur lesquels la nature semble avoir posé le bonheur du genre humain. Mais après avoir