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du Capitole, sans prendre en horreur les mangeurs d’hommes de Versailles, et admirer le passé sans condamner le présent, ulteriora mirari, prœsentia secuturos[1]. »

Ce passage est caractéristique. L’admiration de Camille pour les grands écrivains de l’antiquité fut toujours pour quelque chose dans ses opinions politiques.

Il eut le bonheur de trouver au collège un homme excellent qui s’intéressa à lui : l’abbé Bérardier, principal du collège, aimait Camille comme un fils. Celui-ci s’en souvint toujours ; et, plus tard, c’est par M. Bérardier qu’il voulut être marié. L’administration du collège Louis-le-Grand avait une coutume vraiment libérale : quand un jeune homme pauvre s’était distingué pendant ses études, avant de le lancer dans le monde, elle lui accordait une gratification[2]. Il est à croire

  1. Histoire secrète de la Révolution, p. 11.
  2. Voici une décision assez curieuse, extraite du recueil des délibérations du collège Louis-le-Grand, p. 211 :
    « Du 19 janvier 1781.
    « Sur le compte rendu par M. le principal des talents éminents du sieur de Robespierre, boursier du collège d’Arras, lequel est sur le point de terminer son cours d’étude, de sa bonne conduite pendant douze années, et de ses succès dans le cours de ses classes, tant aux distributions des prix de l’Université qu’aux examens de philosophie et de droit :
    « Le bureau a unanimement accordé audit sieur de Robespierre une gratification de la somme de six cents