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le sien, et, partant, que l’intérêt général ; et comme les vertus publiques ne sont autre chose que l’amour de l’intérêt général, le gouvernement aura toujours des vertus. Des deux choses à désirer dans les chefs de l’État, les vertus et les talents, nous serons donc toujours sûrs de trouver l’une. Quand les deux seront réunies, alors quel empire florissant que la France ! Et si nous faisions toujours de mauvais choix ; s’il arrivait, ce qui est impossible, que nos chefs manquassent toujours d’habileté, eh bien, les choses iraient comme du temps de Louis XII, où le prince n’avait que des vertus, et nous serions au pair de ce règne. Il ne pourrait donc manquer à ce gouvernement que des talents et des lumières ; et la France en manqua-t-elle jamais ? Mais la plupart de ses grands hommes lui ont été inutiles. Qu’on compare les chefs que nomme la voie publique à ceux que nomme la cour. Aurions-nous jamais été vaincus, si nous avions choisi nos généraux ? jamais foulés, si nous avions choisi nos ministres ? Je me déclare donc hautement pour la démocratie. Et comment répondre aux exemples de la Grèce, de la Suisse et de l’Amérique ?

On répond que la lenteur des délibérations dans les républiques nuit à la promptitude nécessaire aux opérations d’un bon gouvernement : quelle mauvaise foi, ou quelle ignorance ! Les Romains, demande l’orateur des