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part d’un écrivain dont la logique est aussi saine ; mais une Assemblée nationale subordonnée à la nation, de manière qu’un bailliage puisse retirer ses pouvoirs à son représentant, et qu’on soit destitué comme on a été institué. Fiat ! fiat ! oui, tout ce bien va s’opérer ; oui, cette révolution fortunée, cette régénération va s’accomplir ; nulle puissance sur la terre en état de l’empêcher. Sublime effet de la philosophie, de la liberté et du patriotisme ! nous sommes devenus invincibles. Moi-même j’en fais l’aveu avec franchise, moi qui étais timide, maintenant je me sens un

    ne sauraient manquer de franchir les Alpes, les Pyrénées et les mers ; que je ne désespère pas de voir la cocarde au saint-père, au Grand Turc, au roi de Prusse et à la czarine, et que les États généraux de l’Europe pourraient bien se tenir dans une cinquantaine d’années. Pourquoi fouler le peuple afin d’entretenir à grands frais vingt mille oisifs ? Pourquoi ne pas retrancher soixante-dix millions d’impôts sur un seul article de dépense inutile ? En attendant cette diète européenne, ayons d’excellentes écoles d’artillerie et de génie, une excellente marine ; que chaque ville ait son champ de Mars ; point de privilége exclusif de porter les armes. Soyons tous dans la paix quirites, dans la guerre milites. Qu’il n’y ait de troupes réglées et perpétuelles qu’une maréchaussée formidable aux brigands, étant elle-même une des divisions de la milice bourgeoise, et en portant l’uniforme. Ayons surtout la liberté et une patrie, et ces armées de serfs, ces automates prussiens, russes et autrichiens, malgré les manœuvres de Postdam et les coups de canne de leurs officiers, ne pourront tenir contre nos légions républicaines.

    (Note de Desmoulins.)