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sans, les cardinaux, archevêques, abbés, chanoines, abbesses, prieurs, et sous-prieurs ! Mais, ô nuit charmante, o vere beata nox, pour mille jeunes recluses, bernardines, bénédictines, visitandines, quand elles vont être visitées par les pères bernardins, bénédictins, carmes, cordeliers, que l’Assemblée nationale biffera leur écrou, et que l’abbé Fauchet alors, pour récompense de son patriotisme et pour faire crever de rage l’abbé Maury, devenu patriarche du nouveau rit, et à son tour président de l’Assemblée nationale, signalera sa présidence par ces mots de la Genèse, que les nonnains n’espéraient plus d’entendre : Croissez et multipliez. Ô nuit heureuse pour le négociant à qui la liberté de commerce est assurée ! heureuse pour l’artisan, dont l’industrie est libre et l’ardeur encouragée, qui ne travaillera plus pour un maître, et recevra son salaire lui-même ! heureuse pour le cultivateur, dont la propriété se trouve accrue au moins d’un dixième, par la suppression des dîmes et droits féodaux ! heureuse enfin pour tous, puisque les barrières qui fermaient, à presque tous, les chemins des honneurs et des emplois, sont forcées et arrachées pour jamais, et qu’il n’existe plus entre les Français d’autres distinctions que celles des vertus et des talents. Immortel Chapelier, toi qui présidas à cette nuit fortunée, comment as-tu levé si tôt la séance, et pu entendre sonner