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n’avez-vous pas rassemblé les morceaux déchirés de la lettre du baron de Castelnau ? Pourquoi le public ne les a-t-il pas lus ? On a cité les Athéniens qui renvoyaient, sans les ouvrir, les lettres interceptées de Philippe à sa femme. Oui, mais ils décachetaient celles qui étaient adressées aux ennemis. En temps de guerre, les Anglais ouvrent toutes les lettres. Je nommerai M. de Clermont-Tonnerre, quoique président, et le premier personnage[1] de la nation, dans cette quinzaine. L’honorable membre, un peu trop éloquent, a excédé étrangement ses pouvoirs, quand il s’est fait si zélé médiateur pour Besenval, pour son oncle, et Castelnau. Cette lettre, est-il venu dire à l’Assemblée nationale, est purement d’honnêteté ; je l’ai lue. Ce je l’ai lue est plaisant. Parisiens, aviez-vous donc dit, comme les Grecs assemblés, à Thémistocle : Lisez-le à Aristide ! Et M. de Clermont-Tonnerre est-il votre Aristide ? Il y a une loi qui dit : Adultera, ergo vene fica. Je ne veux pas conclure de même : Il est noble, donc aristo-

  1. Oui, le premier personnage de la nation. J’entends dire : Quel honneur a reçu M. Chapelier au Te Deum ! Il est passé avant le garde des sceaux ; le grand maître des cérémonies et les masses le précédaient. Il s’est agenouillé sur un coussin à la droite du roi. Mais il me semble que ce n’est pas le président qui devait être à la droite du roi, c’est le roi qui devait être à la droite du président. Filis hominum, usquequo gravi corde ?
    (Note de Desmoulins.)