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Il est facile de montrer que loin de déchoir de sa splendeur, la capitale va devenir plus florissante que jamais. On accuse la génération de tout renverser et de ne rien édifier. Mais

    la presse. Et ensuite ? C’est encore la liberté de la presse.

    Mais, s’écrie un bon curé, laisserez-vous débiter du poison ? Ne voyez-vous pas, Monsieur le curé, que ce que vous appelez du poison, et que vous mettez à l’index, le curé Rabaud le nomme remède de l’âme ? Sans doute c’est à une mère à veiller sur la lecture de sa fille. Les pères et les maîtres sont des censeurs domestiques que l’Assemblée nationale ne supprimera point, toute autre censure est une inquisition monacale. Quand ce serait du poison, pour user de vos termes, que répondrez-vous, Monsieur le curé, à un citoyen qui vous dira : J’aime ce poison ; et comme la femme de Sganarelle : Je veux qu’on me batte ? Mais, s’écrie encore l’abbé Maury, je serai calomnié ; on dira que j’ai commis un viol. Et moi, s’écrie d’Espréménil, on dira que je suis cocu. Messieurs, trois réponses, comme faisait M. Pinée : 1o Vous savez que Caton lut calomnié et traduit en justice soixante-dix fois ; en est-il moins le sage Caton ? Il prêtait sa femme obligeamment à son ami Hortensius ; ce qui, au témoignage de Virgile, lui a obtenu, dans les Champs-Élysées, aux acclamations, la présidence de tous les cocus passés, présents et à venir, his dantem jura Catonem. En est-il moins un honnête homme ? Soyez des Catons, et vous ne craindrez point la liberté de la presse. 2o La presse est comme cette lance qui guérissait les blessures qu’elle avait faites. On imprimera chez M. Knapen que Me d’Es… tient de M. de Clugny une pension de 20,000 livres, violente présomption de cocuage ; bien des gens diraient ici, comme La Fontaine, cocuage n’est point un mal ; mais si vous pensez autrement, eh bien, faites imprimer chez Grangé que l’anecdote de la pension est fausse ; vous avez encore l’abbé Aubert qui vous offre ses bons offices ; pour vingt-quatre sous, il démentira le fait dans ses affiches, et vous serez décocufié ;