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nation. Bientôt vous le verrez sortir de dessous les ruines de cette Bastille. Là, dans son sein, Paris aura l’Assemblée nationale, le congrès de quarante-cinq provinces, le siége de la majesté, de la loyauté du peuple français, l’autel de la concorde, la chaire de la philosophie, la tribune du patriotisme, le temple de la liberté, de l’humanité et de la raison, où tous les peuples viendront chercher des oracles.

Le Conseil permanent de la nation étant alors sédentaire à Paris, cette ville recouvrera enfin, par la transmigration des bureaux, ce surcroît de richesse, de santé, et d’embonpoint qu’elle ne cessait de regretter depuis que Louis XIV l’avait comme doublée pour créer Versailles. Ce bienfait, si grand, n’est pas le seul dont la révolution doit enrichir la capitale. Comme ce n’est pas, ainsi que les autres, une ville qui appartienne en propre à ses habitants ; que Paris est plutôt la patrie commune, la mère patrie de tous les Français, il n’est aucune cité dans le royaume qui ne s’intéresse à sa splendeur, et toutes les provinces s’empresseront d’y concourir. L’industrie et l’activité parisienne, secondées de cette conspiration unanime du reste de la nation à embellir la métropole, y créera des merveilles, et M. Mercier ne mourra pas, je l’espère, sans voir ce qu’il a tant souhaité, Paris port. Oui, Paris port, et tellement port, que la galère